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Cahier journal non officiel

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7 septembre 2010

J'apprends le jargon officieux de l'enseignement #1

Ce que j'appelle le jargon officieux de l'enseignement, ce sont ces mots inventés ou détournés par les enseignants, qui, placés dans une phrase, ne peuvent être compris que par eux.

Et lorsqu'on prend un peu de recul pour écouter les conversations en salle des maîtres, c'est assez amusant.

Aujourd'hui nous allons apprendre une nouvelle expression: être piapiapia.

"- Comment ça se passait avec Jade l'année dernière? Tu l'avais placée à côté de qui?
- Ah bah oui, Jade, peu importe où tu l'assoies, c'est terrible, y'a rien à faire...
- Mais oui, qu'est-ce qu'elle est piapiapia!"

Être piapiapia: être très bavard, s'applique surtout à une fille. Pour un garçon, on préfèrera une expression plus virile, comme il arrête pas de l'ouvrir.

* par souci de confidentialité, tous les prénoms ont été remplacés ;)

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2 septembre 2010

La rentrée (enfin!)

« A la rentrée, dis mon maître formateur, il faut les faire BOSSER ». Les élèves comprennent alors qu’on n’est pas là pour faire des blagues carambar. Non, cette année, vous êtes en CM1, et ça va pas être de la rigolade. Ca vous choque ? Et pourtant c’est nécessaire. Les élèves doivent comprendre qu’ils ne sont plus en vacances, qu’à l’école, au cas où ils l’auraient oublié, on est un élève qui travaille, qui apprend. Et on doit donc avoir le comportement d’un élève. Et être un élève, ça s’apprend (et même, ça se ré-apprend un petit peu tous les ans).

 

Le jour de la rentrée, l’enseignant doit faire jouer la balance ‘peur-séduction’.

 

Faire un petit peu peur aux élèves, leur faire comprendre que c’est le maître qui dirige la classe, qui mène les séances, et qu’ils doivent respecter les règles de la classe afin que la bonne marche de celle-ci permette les apprentissages.

 

Mais il faut aussi les séduire. On appelle ça la ‘mise en appétence’. « Cette année, vous allez apprendre à… ». Il faut leur donner envie de se lever le matin, de se comporter en tant qu’élève toute la journée, il faut leur montrer que ça en vaut la peine, parce qu’il y a plein de projets sympas à venir toute l’année. Qu’ils vont en ressortir grandis. Et à cet âge là, grandir, ça leur fiche la trouille au fond, mais ils en ont très envie.

 

Ne vous fiez pas aux comportements des élèves à la rentrée. L’élève la plus bavarde le jour de la rentrée est peut-être en réalité la plus calme et studieuse le reste de l’année. Si elle bavarde aujourd’hui, c’est parce que c’est une éternelle angoissée.

Quand à celui qui est tout calme et tout mignon dans son coin aujourd’hui, ne vous y méprenez pas. C’est LUI, qui va vous pourrir vos séances, qui va mettre à l’épreuve votre autorité... ;)

1 septembre 2010

La pré-rentrée

La pré-rentrée, c’est beaucoup de croissants, de café, et de chamailleries entre profs pour savoir qui surveillera la cour le jeudi matin, et qui ne respecte pas la durée officielle des récréations pour pouvoir bronzer tranquillement.

 

La pré-rentrée, c’est faire des listes et des listes de choses à faire, de choses à ne pas oublier d’apporter, d’idées à creuser pour de futures séances.

 

La pré-rentrée, c’est relire son emploi du temps, compter les heures pour voir si ça rentre bien dans le cadre des horaires disciplinaires des programmes officiels.

La pré-rentrée c’est se rendre compte qu’on a une heure de Mathématiques en trop et pas assez d’heures d’Histoire-Géo, et tout recommencer.

 

La pré-rentrée c’est se dire : Bon, accordons-nous une demi-heure pour pendre en main ce nouvel outil génial qu’est le Tableau Blanc Interactif.

La pré-rentrée, c’est jouer pendant une heure à faire des dessins colorés au TBI.

 

La pré-rentrée, ça sent bon les cahiers neufs qu’ont dispose sur l’estrade pour les distribuer au fur et à mesure aux élèves lorsqu’on les commencera.

 

La pré-rentrée, c’est préparer ses deux premiers jours de classe. Alors, par où commencer ?

30 août 2010

Bienvenue à la piscine municipale, heu, dans l'Education Nationale.

9h30 : pré-rentrée à l’Inspection Académique le matin.

10h43 : on nous explique déjà quels papiers remplir et quels délais respecter lorsque l’on est gréviste. Bienvenue dans la fonction publique ! Ahah.

 

(Parenthèse contexte politico-social : un mouvement de grève générale de l’Education Nationale est déjà prévu pour mardi prochain, donc comprenons les préoccupations de notre inspectrice, autant nous apprendre tout de suite à respecter et favoriser la mise en place du service minimum obligatoire (parenthèse dans la parenthèse : je ne rentre pas dans un débat politique, je fais un simple constat).

 

L’inspectrice nous explique le déroulement de notre année de formation. Il faut savoir que nous sommes les derniers enseignants recrutés à Bac + 3. Désormais, en raison d’une réforme de la formation des enseignants ayant pour but d’aligner le système français sur la moyenne européenne, les professeurs seront recrutés au niveau master, donc à Bac + 4. Grâce à cette réforme, mes collègues-sauvés-des-eaux et moi-même bénéficions d’une année de formation spéciale. C'est-à-dire que nous ne sommes ni des PE2 (la formation pré-existante, mêlant une journée par semaine en responsabilité dans la classe d’un directeur d’école afin de le remplacer pendant sa journée de décharge, et plusieurs journées en formation en IUFM) ni des titulaires à part entière (T1). Même nous ne savons pas trop comment nous appeler. Nous avons tenté ‘PE2 de transition’, mais en réalité, nous avons appris que nous sommes des PES : Professeurs des Ecoles Stagiaires. Oui, l’Education aime beaucoup les acronymes en tout genre, je vous avais prévenu.

Revenons à nos moutons (ne voyez pas ici une quelconque injure mesquine envers mes collègues) : la formation professionnelle des jeunes (et moins jeunes) PES. On pourrait croire que, comme nous sommes les petits-stagiaires-de-l’année-de-transition-dont-personne-ne-sait-quoi-faire, nous allons avoir droit à une formation bâclée. Et bien détrompez-vous. Nous, nous allons profiter, à mon sens, de la meilleure formation professionnelle que peut ‘recevoir’ un futur enseignant. Et pourtant, c’est la seule année où elle sera mise en place. L’année prochaine, pour mes collègues qui suent actuellement en master 2 sur le nouveau concours, une autre formation sera mise en place, à savoir pas de formation du tout, apparemment. Cherchez l’erreur.

 

Notre formation donc. Elle alterne stage de pratique accompagnée avec un maître formateur pendant six semaines, formation en IUFM (IUFM qui n’existent plus en théorie, mais qui existent toujours en pratique) puis stages en responsabilité, toujours sous la tutelle de nos MF. Un plongeon dans le grand bain, mais avec un temps d’adaptation à la température de l’eau. Que demander de plus ?

 

Moi ça me va. Je signe où ?

 

14h : rencontre avec les maîtres formateurs. Un gentil petit bizutage est tranquillement mis en place. A l’appel de notre nom, nous devons nous lever, écouter le nom de notre MF et le chercher désespérément des yeux dans l’assemblée (c’est celui qui fait un petit coucou de la main), et nous rasseoir. Si vous êtes téméraire, vous pouvez murmurer un petit ‘enchantée’, il le lira sur vos lèvres et ça créera un lien. Ne riez pas, je l’ai fait spontanément, et je me suis sentie tarte.

 

Après avoir échangé des banalités avec mon MF, histoire de prendre la température avec le maître nageur qui s’occupe du grand bain (métaphore filée, quand tu nous tiens), je suis rentrée chez moi en me demandant si demain, lors de la pré-rentrée à MA NOUVELLE ECOLE, j’allais plutôt faire du crawl ou de la brasse coulée. De toute façon, plongeon ou gros plat, il faut bien se mouiller.

30 août 2010

Il faut toujours un début.

Je ne vous raconterai pas ici mon année de PE1. Je ne vous raconterai pas comment j'ai bossé comme une malade, à quelle point cette année a été difficile mais aussi la plus enrichissante de toutes mes années scolaires/étudiantes, du point de vue professionnel comme humain.
Je ne vous raconterai pas les épreuves du CRPE (Concours de Recrutement des Professeurs des Ecoles pour les novices, il va falloir vous habituer aux acronymes, l'Education en raffole).
Je ne vous raconterai pas l'attente des résultats, les résultats, le bonheur éprouvé, pour soi, pour certains autres, et la déception ressentie pour d'autres encore.

Non, ici, je vais vous raconter mes débuts en tant que professeur des écoles. J'ai envie de donner envie. J'ai envie de partager ces petits moments que l'on peut seulement raconter à des amis un peu compréhensifs et qui acceptent que vous les saouliez trente minutes avec 'vos histoires de boulot'. Ou à des amis eux-mêmes enseignants débutants, capables de s'extasier comme vous sur ces petites choses.

Et puis si ça n'intéresse personne, et bien tant pis, au moins j'aurai effectué ma catharsis quotidienne.

Je suis loin d'être une grande littéraire, et j'ai donc choisi d'utiliser comme support et prétexte cet outil de l'enseignant qu'est le cahier journal.

Tous les enseignants en connaissent le principe. Tout enseignant en tient un, il y note quotidiennement les activités menées avec ses élèves afin de garder une trace, pour sa propre mémoire, pour un éventuel remplacement, pour une éventuelle inspection. C'est un document officiel, obligatoire à tout enseignant, et lorsqu'on le parcourt on se rend compte que ce métier demande beaucoup de travail de préparation, de mise en œuvre, pour faire progresser ces petites choses bizarres que sont les enfants. C'est parfois un métier difficile, et peu considéré aux yeux de la société.

Mais ce cahier journal oublie parfois de raconter toutes ses petites choses qui font que ce métier est aussi, parfois, souvent, une source de nombreux petits bonheurs.


Alors corrigeons ici cet oubli du cahier journal 'officiel'.

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