9h30 : pré-rentrée à l’Inspection
Académique le matin.
10h43 : on nous explique
déjà quels papiers remplir et quels délais respecter lorsque l’on est gréviste.
Bienvenue dans la fonction publique ! Ahah.
(Parenthèse contexte
politico-social : un mouvement de grève générale de l’Education Nationale est
déjà prévu pour mardi prochain, donc comprenons les préoccupations de notre
inspectrice, autant nous apprendre tout de suite à respecter et favoriser la
mise en place du service minimum obligatoire (parenthèse dans la parenthèse :
je ne rentre pas dans un débat politique, je fais un simple constat).
L’inspectrice nous explique le
déroulement de notre année de formation. Il faut savoir que nous sommes les
derniers enseignants recrutés à Bac + 3. Désormais, en raison d’une réforme de
la formation des enseignants ayant pour but d’aligner le système français sur
la moyenne européenne, les professeurs seront recrutés au niveau master, donc à
Bac + 4. Grâce à cette réforme, mes collègues-sauvés-des-eaux et moi-même bénéficions
d’une année de formation spéciale. C'est-à-dire que nous ne sommes ni des PE2
(la formation pré-existante, mêlant une journée par semaine en responsabilité
dans la classe d’un directeur d’école afin de le remplacer pendant sa journée
de décharge, et plusieurs journées en formation en IUFM) ni des titulaires à
part entière (T1). Même nous ne savons pas trop comment nous appeler. Nous
avons tenté ‘PE2 de transition’, mais en réalité, nous avons appris que nous sommes
des PES : Professeurs des Ecoles Stagiaires. Oui, l’Education aime
beaucoup les acronymes en tout genre, je vous avais prévenu.
Revenons à nos moutons (ne voyez
pas ici une quelconque injure mesquine envers mes collègues) : la
formation professionnelle des jeunes (et moins jeunes) PES. On pourrait croire
que, comme nous sommes les petits-stagiaires-de-l’année-de-transition-dont-personne-ne-sait-quoi-faire,
nous allons avoir droit à une formation bâclée. Et bien détrompez-vous. Nous, nous
allons profiter, à mon sens, de la meilleure formation professionnelle que peut
‘recevoir’ un futur enseignant. Et pourtant, c’est la seule année où elle sera
mise en place. L’année prochaine, pour mes collègues qui suent actuellement en
master 2 sur le nouveau concours, une autre formation sera mise en place, à
savoir pas de formation du tout, apparemment. Cherchez l’erreur.
Notre formation donc. Elle
alterne stage de pratique accompagnée avec un maître formateur pendant six
semaines, formation en IUFM (IUFM qui n’existent plus en théorie, mais qui existent
toujours en pratique) puis stages en responsabilité, toujours sous la tutelle
de nos MF. Un plongeon dans le grand bain, mais avec un temps d’adaptation à la
température de l’eau. Que demander de plus ?
Moi ça me va. Je signe où ?
14h : rencontre avec les
maîtres formateurs. Un gentil petit bizutage est tranquillement mis en place. A
l’appel de notre nom, nous devons nous lever, écouter le nom de notre MF et le
chercher désespérément des yeux dans l’assemblée (c’est celui qui fait un petit
coucou de la main), et nous rasseoir. Si vous êtes téméraire, vous pouvez murmurer
un petit ‘enchantée’, il le lira sur vos lèvres et ça créera un lien. Ne riez
pas, je l’ai fait spontanément, et je me suis sentie tarte.
Après avoir échangé des banalités
avec mon MF, histoire de prendre la température avec le maître nageur qui s’occupe
du grand bain (métaphore filée, quand tu nous tiens), je suis rentrée chez moi
en me demandant si demain, lors de la pré-rentrée à MA NOUVELLE ECOLE, j’allais
plutôt faire du crawl ou de la brasse coulée. De toute façon, plongeon ou gros
plat, il faut bien se mouiller.